cinq commandements qui font exploser la cote d'un artiste contemporain
Avoir un sacré sens de la mise en scène
Sortir de l'anonymat, c'est savoir sortir du lot. Très tôt, certains artistes montrent un sens de la mise en scène, ou de la polémique, qui détonne. Cela ne suffira jamais à faire monter seule leur cote, mais les plus chanceux attireront l'attention des connaisseurs. Un précieux accélérateur de carrière, pour ceux qui ne veulent pas s'en remettre qu'à leur talent.
En 1988, le jeune Damien Hirst, alors inconnu, a tapé dans l'œil du grand collectionneur Charles Saatchi avec une exposition organisée dans un hangar de Londres. Audacieux pour l'époque. Mais on peut aussi citer les œuvres colossales d'Anish Kapoor, le militantisme d'Ai Weiwei, ou le sens de la provocation de Maurizio Cattelan.
L'allemand Rudolf Stingel, lui, s'est fait connaître pour l'attention qu'il porte à ses expositions, comme lorsqu'il a entièrement recouvert les murs du Whitney Museum et du MCA de Chicago de contreplaqués d'aluminium, ou l'intérieur du Palazzo Grassi de François Pinault à Venise de tapis persans.
2. Taper dans l'œil d'un collectionneur réputé
Charles Saatchi à Londres, François Pinault à Paris... Ils sont une poignée à travers le monde, richissimes collectionneurs et hommes d'affaires, à sillonner Paris et Londres en octobre (FIAC, Frieze Art Fair), l'Art Basel en Suisse en juin, à Hong Kong en mars, la Biennale de Venise un an sur deux, etc.
Ils ouvrent aux artistes les portes de leur galerie (Saatchi à Londres), de leur musée (Palazzio Grassi de Pinault à Venise), et des maisons d'éditions. 'Au cœur de ce circuit d'influence, les grands prescripteurs font la pluie et le beau temps sur le marché de l'art contemporain', décrypte Artprice, dans une étude de 2015.
Myriam et Guy Ullens Schooten Whettnall sont ainsi devenus des références de la scène artistique chinoise, notamment en achetant des œuvres de Zeng Fanzhi dès les années 90. Sa toile la plus chère, 'The Last Supper', s'est adjugée plus de 15 millions d'euros en 2013.
3. Entrer dans les galeries de renom
Avec les grands collectionneurs, c'est l'autre passage obligé pour qu'un artiste explose. L'entrée dans une grande galerie consacre son entrée dans la cour des grands. Les plus prestigieuses se trouvent à Londres et New York.
En 2000, Christopher Wool entre chez Skarstedt, puis chez Gagosian en 2006 à New York, avant de voir sa cote exploser. Le chiffre d'affaires de ses ventes aux enchères est passé de 679.000 dollars en 2003 à 98 millions en 2015, selon Artprice.
Pour Zeng Fanzhi, star de l'art contemporain chinois, citons le rôle des galeries Marlborough et Acquavella à New York, Saatchi à Londres, et Hanart TZ à Hong Kong. Cette dernière lui ouvre le marché chinois en 2005, qui le boudait jusque-là. Son chiffre d'affaires en salles de ventes passe alors de 5 millions de dollars en 2006 à 80 millions en 2013.
On peut encore citer Victoria Miro à Londres et Michael Werner à New York pour l'écossais Peter Doig, dont le tableau le plus cher 'Swamped' s'est vendu 20 millions d'euros en 2015.
4. Récolter les (bons) honneurs
Le monde de l'art ne manque pas de prix et de récompenses. Mais certaines semblent rapporter beaucoup plus que d'autres, comme le prestigieux Turner Prize de la Tate Britain à Londres: Anish Kapoor en 1991, Peter Doig en 1994 (nominé), Damien Hirst en 1995 (déjà nominé en 1992). Il assure une large exposition médiatique et une exposition à la Tate aux lauréats. Sacré rampe de lancement.
D'autres distinctions sont des valeurs sûres, comme le Prix Marcel Duchamp en France, le Prix Hugo Boss du Guggenheim de New York, le Bucksbaum Award du Whitney Museum, les Lions d'Or et d'Argent de la Biennale de Venise, mais leur influence sur le marché semble moins décisive.
Dans la liste des chouchous des salles de marchés établies par Artprice, deux ont aussi eu l'honneur d'enseigner à l'école des Beaux Arts de Düsseldorf (Rudolf Stingel en 2004, Peter Doig en 2005). Le grand Paul Klee a eu cet honneur avant eux. Avec ce genre de reconnaissance académique, ces artistes accèdent au rang enviable de 'maître'.
5. L'exposition de la consécration
A ce stade, l'artiste est déjà confirmé (et cher). Mais cela peut encore faire grimper sa cote. MoMA, Guggenheim et Whitney Museum à New York, Tate à Londres, Centre Pompidou et MAM à Paris...
C'est après son passage au MAM de Paris, et en pleine expo au Guggenheim, qu'une œuvre de Christopher Wool, 'Apocalypse Now', a dépassé pour la première fois 25 millions de dollars aux enchères.